121 jours se sont écoulés depuis que WSRW a interpellé Vigeo Eiris sur la certification des projets énergétiques marocains au Sahara Occidental occupé. L'entreprise, qui conseille les investisseurs en matière de droits de l'homme, déclare maintenant que la recherche d'un consentement sahraoui n'est pas pertinente.
Cette semaine, Western Sahara Resource Watch a
découvert que Vigeo Eiris avait, le 6 avril 2017, envoyé un courrier électronique au Business and Human Rights Resource Center (BHRRC) concernant sa certification controversée d'obligations pour l'infrastructure énergétique saoudienne et marocaine au Sahara Occidental occupé. La lettre de Vigeo Eiris fait suite aux préoccupations de WSRW précédemment publiées sur le même site.
Cependant, Vigeo Eiris n'a toujours pas répondu aux questions que WSRW lui a directement envoyé le 23 décembre 2016. Aucune copie de la lettre adressée à BHRRC n'a été envoyée à WSRW.
Vigeo Eiris est largement implanté sur le marché marocain et affiche régulièrement des positions fortes et pro-marocaines sur l'occupation du Sahara Occidental. Le 3 mars, WSRW a publié un
article résumant le scandale de Vigeo Eiris concernant la facilitation par l'entreprise de projets situés dans le territoire occupé, incluant des copies de notre correspondance. L'entreprise a précisé qu'elle n'a pas effectué d'audit préalable.
Dans le nouvel énoncé de l'entreprise, elle souligne n'être pas légalement tenue de demander le consentement des Sahraouis.
"Vigeo Eiris argumente maintenant au-delà de sa propre raison d'être. L'approche profondément légaliste de l'entreprise permet de douter de sa compréhension de l'idée de responsabilité d'entreprise et ses propres obligations. Vigeo Eiris doit, comme toute autre entreprise, évaluer les implications de ses opérations sur les droits de l'homme. Notre correspondance avec l'entreprise suggère qu'elle méprise fondamentalement cet aspect. Le simple fait qu'elle refuse de répondre aux questions de la société civile suffit à indiquer que quelque chose est profondément vicié dans la politique de responsabilité sociale de l'entreprise", a déclaré la présidente de WSRW, Joanna Allan.
"Nous demandons vivement à l'entreprise de répondre aux questions que nous avons posées après qu'elle ait confirmé son implication. Ces réponses éclairerait ce que signifie l'affirmation actuelle que le consentement n'est pas nécessaire au Sahara Occidental. Nous recommandons à Vigeo Eiris de demander une audit externe avant d'envisager de certifier d'autres projets sur les terres occupées, et de se procurer des conseils sur le consentement sahraoui auprès du Comité des droits de l'homme de l'ONU, de la Cour de justice de l'UE et du Conseiller juridique de l'ONU. Les clients de Vigeo Eiris auront intérêt à étudier notre déconcertante correspondance avec l'entreprise ", a déclaré Allan.
La Cour de justice de l'UE a jugé, le 21 décembre, que les accords UE-Maroc ne peuvent couvrir le Sahara Occidental que si le peuple sahraoui y a consenti.
D'autre part, la nouvelle formulation du 6 avril de Vigeo Eiris :
- ne répond pas aux questions soulevées par WSRW et n'a toujours jamais répondu au courrier de WSRW du 23 décembre.
- utilise à nouveau une terminologie à propos du territoire qui est profondément provocatrice pour la plupart des Sahraouis («provinces du Sud du Maroc») et qui ne correspond pas à aucune terminologie acceptée ou onusienne.
- donne de la crédibilité à l'émetteur de l'obligation, la Masen, comme si cette société avait le droit d'être présente dans le territoire occupé ou de «rendre compte des conditions socio-économiques des populations locales».
- fait référence à un prix décerné par Clean Bonds Initiative (CBI ne répond pas aux mêmes questions, WSRW lui a écrit trois fois).
- répète sa prétention à « chercher à ne pas intervenir» dans le conflit, alors que c'est exactement ce qu'elle a fait.
Lire ci-dessous le texte intégral de la déclaration de Vigeo Eiris du 6 avril au Business and Human Rights Resource Centre :